Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsque Anxiété débarque. Et il semble qu'elle ne soit pas la seule...
De Kelsey Mann
Par Meg LeFauve, Dave Holstein
Disney, Studio Pixar, 2024
Avec les voix françaises de :
Charlotte Le Bon, Gilles Lellouche, Mélanie Laurent, Pierre Niney et Marilou Berry (Joie, Colère, Dégoût, Peur, Tristesse)
Dorothée Pousséo, Kaycie Chase, Adèle Exarcholpoulos, Maxime Hoareau (Anxiété, Envie, Ennui, Embarras)
Jaynelia Coadou (Riley)
Une scène, et tout est dit
C'est drôle comme parfois, un film vous revient en tête bien après la séance cinéma.
Contrairement à son prédécesseur, je ne tiens pas Vice Versa 2 comme une révolution de narration. Avec le premier, Pixar nous proposait une plongée toute nouvelle dans l'enfance et ses chamboulements, et nombre de spectateurices avaient été très ému.es par son joli message, empreint de nostalgie, d'humour, et d'émotions bien sûr ! Même si la lumière était davantage mise sur Tristesse et Joie, et leur parcours de complémentarité, Dégoût, Peur et Colère n'étaient pas en reste, et chacune des cinq émotions du quartier cérébrale prenait une place importante pour Riley et pour les spectateurices. Et leur caractérisation était merveilleusement sublimée par le doublage cinq étoiles du casting français !
Passée cette rétrospective, qu'en est-il donc de ce Vice Versa 2 ? Pourquoi m'est-il soudain revenu en mémoire avec une émotion particulièrement vive ?
Dans Vice Versa, grandir est le point final du parcours mouvementé de Riley. Bouleversée par des changements auxquels elle ne peut rien, l'adaptation à son nouvel environnement s'avère d'abord presque impossible. Utilisant ses propres repères et sa manière de fonctionner, elle décide de partir. Et dans sa tête, c'est aussi ce qui se passe : il faudra tout un parcours labyrinthique à Joie et Tristesse, et des décisions de plus en plus incontrôlables par Colère, Dégoût et Peur, pour que les émotions comprennent qu'elles vont devoir changer leur fonctionnement et leur "hiérarchie" pour retrouver leur Riley. Il leur faut, à tous, grandir.
Dans Vice Versa 2, grandir est au cœur de la narration. Cette fois-ci, les émotions - surtout les petites nouvelles - savent que le changement est en cours, et qu'il doit être la priorité absolue de Riley. De plus, les thématiques propres au premier volet se transfèrent sur le cercle amical de Riley, et non plus sur celui de sa famille. Si ce n'est ces aspects-là, les schémas scénaristiques se ressemblent énormément, notamment dans le parcours interne des émotions : pour sauver les îles de personnalité ou la conscience de Riley ? Il faut que les émotions acceptent de se mélanger. Comment ? En parcourant la mémoire à long terme jusqu'à ce que Joie s'effondre devant son propre échec (j'aime bien Joie... mais mon Dieu qu'elle est bornée!).
Rien de bien nouveau donc, à priori.
Et puis, il y a Anxiété. Ce qu'il me reste de Vice Versa 2, c'est l'identification profonde que j'ai pu ressentir à travers ce nouveau personnage, cette nouvelle émotion que je connais si bien. Les scénarios catastrophes, l'hyper-activité de la pensée, le sentiment de ne pas être à sa place et la volonté de s'aligner sur les autres pour combler le fossé qu'il y a entre elleux et nous. Jusqu'à finir par se nier soi-même, inconsciemment, précautionneusement. Et soudain, la crise. Cette scène est le paroxysme de Vice Versa 2. Il n'y avait pas de meilleur manière de représenter une crise d'angoisse, sa violence et l'incompréhension qui en découle. Le parallèle fait entre Riley et son émotion est parfait : la jeune fille se retrouve isolée (dans son environnement mais aussi par la caméra), elle se recroqueville, elle hyper-ventile, tandis que dans sa tête, Anxiété se paralyse et se métamorphose à la fois, devenant un tourbillon orangée de pensées négatives et contradictoires. Jamais je n'ai autant senti la réalité palpable de ces moments de panique qui peuvent arriver sans prévenir. A cet instant, et jusqu'à la fin de la crise, le film s'est transcendé, tenant les spectateurices dans une suspension douloureuse et profondément empathique. Un moment qui me restera ancré sans doute un bon moment.
Les deux Vice Versa racontent beaucoup de jolies choses sur le fait d'être un enfant et de devoir grandir, et ils sont une belle porte d'entrée pour la compréhension de l'autre. Je recommande autant le premier que le second !
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