Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
De Martin Bourboulon
Avec : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Louis Garrel, Vicky Krieps, Lyna Khoudri
Une belle fresque, non sans défauts
Quel plaisir de retrouver l’œuvre d’Alexandre Dumas sur un grand écran, dans une adaptation française de belle qualité, malgré quelques défauts dont je parlerais plus bas. A la sortie du film Les Trois Mousquetaires – D’Artagnan, ce qui restait de plus vif étaient le plaisir visuel et le plaisir de l’histoire. La réalisation est belle, les décors et paysages magnifiques, les mouvements de caméra mettent en valeur les personnages, l’arrivée de D’Artagnan, les combats, les jeux de pouvoir (une contre-plongée sur le cardinal de Richelieu pour bien rappeler qui tire les ficelles). Le choix d’une esthétique assez sombre et sobre est un parti pris élégant, qui peut être un outil pour placer sur le devant de la scène le mystère et le courage. L’ensemble forme une œuvre à la hauteur du roman d’Alexandre Dumas : de nombreuses intrigues – politiques, amoureuses, initiatiques – qui s’entrecroisent ; des personnages hauts en couleurs, charismatiques, bien définis. Ce sont surtout de ces personnages – et de leurs interprètes – que je voudrais parler ici.
Dans l’ensemble, l’interprétation des acteurs est plutôt réussie, parfois même sincèrement remarquable. François Civil se fond dans la peau d’un D’Artagnan éminemment sympathique, courageux, plein de fougue, de jeunesse et d’un soupçon d’arrogance. Eva Green est fidèle à elle-même et incarne à merveille le rôle de la femme forte, manipulatrice et mystérieuse, qui allie charisme et suavité dans ses gestes, son intonation et sur son visage. D’autres interprétations moins marquantes mais qui restent à saluer, je citerai le couple royal que forment Louis Garrel et Vicky Krieps. Le premier est une vraie surprise, je ne m’attendais pas à autant l’apprécier : il interprète à la perfection un roi malgré lui, qui tente d’affirmer une autorité qu’il n’a pas au naturel (son discours semble sans cesse saccadé, comme s’il cherchait ses mots). Face à lui, Vicky Krieps réussit à nous toucher dans son dilemme intérieur entre la reine de France et la femme amoureuse.
Restent les autres membres du casting. Ici, c’est moins l’interprétation que le traitement des personnages que j’aimerais évoquer, à commencer par le groupe des mousquetaires. La naissance et l’évolution de la relation du quatuor est trop vite expédié pour ne s’intéresser qu’au duo D’Artagnan – Athos. Choix d’autant plus regrettable que les personnages d’Aramis et de Porthos sont brillamment interprétés par Romain Duris et Pio Marmaï. Quant à Athos, il semble difficile – encore plus aujourd’hui – d’éprouver une sympathie sincère pour ce personnage en quête de rédemption, même si cela reste la reproduction fidèle du roman d’Alexandre Dumas. Lorsque l’on connaît son crime, il paraît problématique de l’ériger en héros injustement traité, d’autant que dans son duo antagoniste qu’il forme avec Milady, c’est elle qui est trop vite présentée comme la méchante. Pour terminer avec le traitement des personnages, le cardinal est lui aussi largement sous-exploité, alors qu’il s’agit d’un personnage majeur des intrigues politiques.
Si le jeu de chacun reste globalement remarquable, on peut tout de même souligner un certain déséquilibre entre le parler d’Alexandre Dumas et le naturel que lui donne les comédiens. La plupart du temps, l’alliance des deux fonctionne ; mais elle est parfois plus compromise, rendant certaines scènes pompeuses, maladroites, expéditives. Néanmoins, les défauts que l’on peut relever n’enlève rien au charme de l’ensemble, et j’attends déjà avec impatience la deuxième partie, en espérant qu’elle mette davantage à l’honneur les personnages que la première a choisi de mettre de côté.
Et encore une fois, je vous recommande le podcast "Réalisé sans trucage" ! Ils ont eu un sacré débat sur ce film :
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