L'Héritage d'Estée

Publié le 14 octobre 2024 à 21:54

A la mort de sa grand-mère, Lily est convoquée par le notaire à Hope House, une ancienne maternité pour mères célibataires, où on lui remet une petite boîte contenant une vieille recette écrite en italien et un programme de la Scala de Milan. Voulant lever le voile sur les mystères de sa famille, la jeune femme se rend en Italie où elle est engagée dans un vignoble toscan.

 

De Soraya Lane

Traduction de Hélène Tordo

Aux Editions J'ai Lu, 03/01/2024

 

Double récit, double tranchant

 

Avec sa double histoire entre passé et présent, L’Héritage d’Estée disposait d’une certaine base pour devenir un roman sympathique et intrigant. Sans être une idée très originale, l’aller-retour entre deux générations propose, a priori, son lot de mystères, de zones flou à élucider, entraînant ses personnages – ceux du présent – dans une enquête qui n’atteindra sa résolution qu’à la complétude finale des deux récits.

 

Or ici, ce postulat s’avère un échec presque total. Les tout premiers chapitres posent les prémices de manière certes un peu forcée mais tout de même efficace. Pourtant, plus on suit le personnage principal dans son enquête, plus on s’en détache. Dans ce versant de l’histoire, la narration est emplie de stéréotypes, d’intrigues téléphonés, d’incessants rappels à tout ce mystère et ce doute qui entourent machine, auxquels tout semble presque répondre : « ta gueule, c’est magique ». De plus, et malheureusement pour elle, le personnage principale se trouve être rapidement très insipide, campant le rôle d’une énième femme qui ne trouve son bonheur et son destin que grâce et aux côtés d’un homme.

 

Quant à l’enquête qui mêle les deux temporalités, la résolution est bien trop courue d’avance. On a tout de même le droit à une jolie conclusion, néanmoins déjà sabotée pour la longue succession de clichés qui nous sort de la lecture.

 

On finit alors par sauter les pages pour en venir à la seule histoire intéressante du roman : celle d’Estée et de Félix. Il y a encore une fois un côté très déjà vu dans leur relation, mais tous deux en valent bien la peine et l’intrigue n’en perd jamais son charme. Ce sont eux qui acquièrent toute notre attention et notre suspension volonté d’incrédulité. Dans un parcours tragique à la Roméo et Juliette semé d’embûches et d’opposants, les deux amants se courent pendant plusieurs années, au cours desquelles on prend le temps de les voir grandir, s’aimer toujours plus, s’épanouir l’un sans l’autre, se complexifier. Leur caractère à chacun.e est profondément métamorphosé au fur et à mesure de l’histoire, ce qui rend l’attachement entre eux et les lecteurices toujours plus important.

 

Le point de vue est celui d’Estée, la petite et belle ballerine, la jeune adulte désabusée, la mère, l’amante, la rebelle à une époque où tenir tête n’était pas vu d’un bon œil, surtout chez les femmes. Elle représente davantage un personnage féminin auquel on a envie de s’identifier que machine, personnage pourtant plus contemporain.

 

Au lieu de L’Héritage d’Estée, c’est finalement bien plus Estée elle-même qui tient le roman, qui donne l’envie et la volonté d’aller jusqu’au bout de son histoire.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.

Créez votre propre site internet avec Webador