Je crois que dehors c'est le printemps

Publié le 4 avril 2025 à 15:19

En 2011, un père disparaît avec ses deux filles et est retrouvé mort quelques jours plus tard (suicide). Les deux petites restent introuvables. La comédienne Gaia Saitta reprend sur scène le récit de résilience de leur mère, Irina Lucidi, et « relaie son combat pour le droit au bonheur, dans lequel chacun.e peut se reconnaître ».

 

Mise en scène : Gaia Saitta et Giorgio Barberio Corsetti

Avec : Gaia Saitta

Equipe technique :

Cécile Lassonde (Collaboratrice artistique), Giuliana Rienzi (scénographie), Frédérick Denis (costumes), Marco Giusti (création lumières), Tom Daniels (Créateur son, régie son, régie lumière et plateau), Pierre Ottinger (régie générale), Corentin Christiaens (régie lumières), Igor Renzetti (vidéo)

Production : Création Studio, Théâtre National Wallonie-Bruxelles

 

02/04/2025 - Comédie de Clermont

 

"Si tu racontes mon histoire, je ne suis pas seule"

 

On voit de plus en plus de créations contemporaines qui cherchent à imaginer un instant de confession au théâtre, à modeler et remodeler l’espace scénique pour inventer un cadre et un rapport plus intime avec le public. Les artistes interrogent, entre autre et à travers ces modelages, la manière de parler de la violence et des traumas, et surtout de mettre en scène la résilience. Dans son travail, la comédienne, dramaturge et metteuse en scène Gaia Saitta s'intéresse de près au rôle des publics, et place la vulnérabilité comme espace poétique et cognitif. Avec Je crois que dehors c’est le printemps, elle s’empare d’une histoire qui lui tient à cœur, une histoire vraie, et s’allie à Giorgio Barberio Corsetti sur la mise en scène pour créer un récit à plusieurs voix, « une communauté au plateau et dans la salle ».

 

Le plateau est assez épuré, une table, quelques chaises, une caméra. Dans leur quête de confrontation des genres et de mise en question de la place du public, les deux metteureuses en scène choisissent de faire participer des spectateurices volontaires. Placé.es sur le plateau, iels sont directement pris.es à parti par la comédienne à divers moments de la pièce, projeté.es en gros plan sur les écrans. Par ce geste, l’image fait exister les ombres à qui Irina/Gaia s’adresse, nous rendant ainsi complices de son « enquête ». Tout est important dans les détails, le décor dans lequel évolue Gaia Saitta se nourrit de petites choses : les post-it projetés, les chaussures sur un carré de sable en avant-scène, la récurrence progressive de l’eau. C’est à travers ces détails, et en se nourrissant de la double présence du public, que la comédienne transmet la tendresse qu’elle porte pour son personnage.

 

Il y a un lien émotionnel fort qui s’est tissé entre Gaia Saitta et l’histoire, puis entre les deux femmes, un lien si fort qu’il déborde sur le plateau, faisant du spectacle un vecteur d’émotions. La comédienne alterne, avec une douceur douloureuse et magnifique, entre la tragédie brute du fait divers, et la joie, le désir de vivre. Tragédie, drame, résilience, reconstruction, bonheur, tout passe à travers cette voix qui se révèle triple : un personnage incarné par une actrice qui incarne une personne bien vivante. Le récit va même jusqu’à s’étendre, jusqu’à vouloir résonner dans une parole générationnelle, universelle, féminine. Le tout dans un jeu retenu, contenu, intime – on regrettera néanmoins le choix de microter l’actrice, réflexe de plus en plus systématique au théâtre, alors même que certain.es spectateurices sont à moins de deux mètres d’elle.

 

Je crois que dehors c’est le printemps est un hommage bouleversant, de femme à femme, un appel à la vie malgré tout, envers et contre tout.

 

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