En 1950, une famille bourgeoise se prépare à fêter Noël. Mais un matin, l’un des membres est retrouvé mort assassiné. Huit femmes sont soupçonnées, mais laquelle est passée à l’acte ? Et pourquoi ?
Lieu : Théâtre municipal de Roanne
Par la troupe des Tréteaux roannais
Texte de Robert Thomas
Mise en scène de Damien Fauriat et David Dormoy
Une troupe qui reste fidèle à elle-même
Bien installés sur les sièges du superbe théâtre de Roanne, les spectateurs trépignent d’impatience et de curiosité pour la nouvelle création des Tréteaux Roannais, une intrigue que beaucoup d’entre eux connaissent par cœur. Les voilà rapidement tenus en haleine par le dynamisme de la mise en scène. Tout est au service d’une histoire pleine de rebondissements, d’humour et de suspens. Les personnages, très bien dessinés et justement incarnés, sont forcés de se faire face - et de faire face aux spectateurs - dans ce huis clos qui les confronte à elles-mêmes et à leurs mensonges. Au fur et à mesure de l’enquête et du défilé des faux-semblants, les masques tombent. Les hypocrisies trouvent toujours un témoin, les soupçons passent des unes aux autres au rythme des regards nocturnes indiscrets.
Peut-être pourrait-on émettre quelques réserves sur les choix sonores. A plusieurs reprises, les rebondissements s’accompagnent de coups de tonnerre, qui provoquent le sursaut du public et renforcent à la fois le suspens, la surprise et la peur des personnages. C’est un ressort qui participe au comique de situation et au comique des personnages. Mais d’un autre point de vue, il offre un côté trop démonstratif et hyperbolique, qui risque le ridicule - le jeu de certaines comédiennes paraît soudain plus fragile lors des émotions fortes. On peut aussi s’interroger sur le choix de conserver les passages musicaux issus du film, qui apportent certes une fraîcheur à la pièce et contentent le public d’Ozon. Cependant, ce sont aussi des passages qui cassent le rythme de la pièce, le média théâtral n’étant pas le même que celui du cinéma.
Mais dans l’ensemble, Damien Fauriat et David Dormoy nous offrent une mise en scène de qualité, dynamique et colorée, à l’image de la scénographie, composée de décors faits maison, qui mélangent modernité et époque de la pièce. La mise en scène joue avec un espace qui invite petit à petit l'œil du spectateur à être attentif au jeu de cache-cache proposé par les différents plans de la scène et soutenu par les regards et les déplacements des comédiennes. Le tout donne un effet de fraîcheur: le décor n’est pas surchargé ou vide, il fait de la scène un véritable lieu de vie, qui permet aux personnages d’exister pleinement et aux spectateurs de se sentir à l’aise. C’est une expérience d’intimité proposée par une troupe qui reste fidèle à elle-même, pour notre plus grand plaisir.
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