Si vous aviez le pouvoir surnaturel de voyager dans le temps de votre propre vie, où iriez-vous ? Que changeriez-vous ? Tel est le défi de Georgia, professeure de littérature dont le quotidien paisible va soudain se dérégler, au point de faire vaciller toutes ses certitudes. David Lescot et Ludmilla Dabo se retrouvent dans une comédie musicale légère et profonde. Elle est menée tambour battant par dix chanteur·euses-comédien·nes et quatre musiciens, qui manient les mots, le chant et la danse avec virtuosité. Les scènes intimistes et les tableaux de groupe côtoient des échappées vocales pop, soul et rap et des chorégraphies réjouissantes et décalées. Une comédie musicale au rythme endiablé, qui renouvelle avec brio les codes du genre.
Lieu : Théâtre de la Croix Rousse
Écrit, mis en scène et composé par David Lescot
Avec : Candice Bouchet, Elise Caron, Pauline Collin, Ludmilla Dabo, Marie Desgranges, Matthias Girbig, Alix Kuentz, Emma Liégeois, Yannick Morzelle, Antoine Sarrazin, Jacques Verzier
Musiciens : Anthony Capelli (batterie), Fabien Moryoussef (claviers), Philippe Thibault (basse), Ronan Yvon (guitare)
Chorégraphe : Glysleïn Lefever
Direction musicale : Anthony Capelli
Changer la couleur du temps qui passe
Sous la voûte et les lumières du Théâtre de la Croix Rousse, l'entrée des comédiens fait taire progressivement les rumeurs d'un public impatient. Ils s'installent dans un décor blanc, sobre, sur des chaises transparentes, et se figent. Le spectacle s'ouvre sur une temporalité suspendue, puis sur un début in medias res mené par une énergie déjà immense chez les comédiens. Les répliques s'enchaînent, les déplacements rectilignes provoquent le rire, l'absurdité de ce restaurant spécialisé dans la fadeur en rajoute une couche. Cette première scène est un tableau d'une bourgeoisie contemporaine, caricaturale, ridicule. Puis, tout dérape, les catastrophes s'enchaînent à une vitesse ahurissante, Georgia n'y tient plus, elle branche son téléphone à ce "brumisateur de table". Le temps s'arrête, fait demi-tour, et la scène recommence.
Nous voilà aussi perdu et surpris que Georgia, qui nous prend à parti dans sa première chanson, avant de nous entraîner avec elle dans son histoire, son passé, ses souvenirs. Le ton est donné : celui de la découverte, de la temporalité déconstruite et reconstruite. Dès le début, le spectacle est rythmé par une dynamique des corps, des décors et des voix, parlées comme chantées. L'espace est parfaitement maîtrisé, la scénographie est aussi chorégraphiée que les danses. Tout est coloré : la scène (par ses lumières, ses décors et ses costumes), mais aussi les chansons et les personnages. Des personnages profondément humains, plein de vie, d'entrain, mais aussi de doutes et de fêlures. Les couleurs sont aussi celles des émotions.
La place de la femme est au cœur de la comédie musicale. A travers Georgia, c'est l'émancipation féminine qui est mise en scène. Grâce à l'espace fictionnel, Georgia se voit offrir la merveilleuse opportunité de tout remettre en question : ses choix, la société, sa place. Et au-delà de ce personnage central, ce sont des femmes qui portent le spectacle : une mère désabusée, une dépressive amoureuse, une inconnue qui ouvre la porte des possibles.
Le spectateur se sent vite inclus dans cet univers étrange. On rit à gorge déployée autant que l'on est ému aux larmes. On se laisse porter par le rythme effréné de la fable. On doute, on tremble, on aime, on espère avec ces personnages euphoriques. C'est un spectacle vibrant, plein de couleurs et d'émotions, qui nous transmet un beau message d'amour, d'émancipation, d'acceptation de soi.
Pour plus d'informations sur le metteur en scène et son équipe :
Ajouter un commentaire
Commentaires