Fiction documentée d'un mouvement révolutionnaire : Le 10 mars 1971, sur le plateau radio de Ménie Grégoire, on aborde pour la première fois en France ce "sujet brûlant d'actualité" qu'est L'homosexualité, ce douloureux problème. Claudia, son assistante, fait circuler le micro dans une salle électrisée par le débat. Soudain, des homosexuel.le.s envahissent le plateau, derrière le chant des larsens des tracts volent. Claudia entend : "Rejoignez le FHAR, le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire !". Alors un soir, elle pousse timidement la porte d'une AG.
Lieu : Théâtre des Clochards Célestes
Par le collectif Fléau social (lien instagram en fin d'article)
Ecriture collective : Aez Pinay avec Fléau social
Mise en scène par Louise Bernard et Louv Barriol
Avec : Arthur Colombet, Lucie Demange, Nino Djerbir, Lauryne Lopes De Pina, Flora Souchier, Etienne Thomas
Scénographie : Loana Meunier et Louise Bernard
Création sonore et régie son : Adèle Lloret Linarès
Création lumières : Myriam Adjallé et Marie Plasse
Costumes : Lisa
Du documentaire à l'intime
L'homosexualité, ce douloureux problème, c'est l'histoire d'une rencontre artistique autour de thématiques communes, personnelles, une rencontre entre un sujet queer et des comédien.ne.s queer. De cette rencontre découle un travail collectif et progressif : le spectacle connaît quatre versions. L'équipe travaille d'abord sur l'émission brute, fait de Claudia son personnage principal, passe par une phase purement documentaire, avant de retrouver une matière plus théâtrale, intime. C'est une création qui se fonde sur un travail d'archives qui nourrissent des improvisations au plateau dont découlent ensuite l'écriture. Le jeu des comédiens ressort plus fort de cette expérience car plus naturel, sincère.
Dans cette nouvelle version de leur spectacle, l'enjeu est donc de retrouver, pour chacun, un rapport plus intime avec son ou ses personnage(s). Forts de toutes leurs recherches, ils font le choix de s'émanciper des grands noms de cette période historique. La création des personnages se fait donc par étape, et permet ainsi de leur donner une palette plus complexe. De plus, comme ils l'expliquent dans leur note d'intention, c'est l'occasion pour ces comédiens de jouer des personnages qui leur ressemblent. Ils incarnent un combat lié à l'intime, à nos identités propres, ce qui ressent encore une fois dans leur interprétation. On les sent très à l'aise pour incarner des personnages avec qui ils ne sont pas forcément d'accord, mais pour qui ils ont une empathie et une proximité certaines. Le jeu est passionné, impressionnant de justesse.
L'enjeu de la création, c'est aussi son message : "faire du théâtre sur une mémoire qui est la nôtre". La mise en scène rend hommage à un passé queer qu'on ne connaît pas ou peu, car malheureusement occulté par les années sida qui ont suivi la dissolution du FHAR. Ces années provoquent une rupture dans la passation de flambeau. La volonté du collectif est de réhabilité cette mémoire, car le combat de ces personnages est toujours en résonance avec les combats queer actuels. Ils cherchent donc à "s'emparer de leur liberté" pour la mettre en scène et revaloriser cette période historique. Il s'agit de relever le défi de faire communauté avec d'autres générations, des ancêtres qui relèvent d'une autre filiation, puisque, comme ils le disent plusieurs fois au cours de leur spectacle, "nous ne nous reproduisons pas !".
C'est un message d'espoir et d'union, mais aussi de vulnérabilité et de révolution qui porté par le spectacle et le collectif.
BONNE NOUVELLE : Le collectif sera de retour la saison prochaine au Théâtre des Célestins (salle Célestine) !
Plus d'informations sur le spectacle et l'équipe :
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