Comment ça se fabrique une domination. Comment et pourquoi ça se poursuit, se régénère, sans cesse, malgré les révolutions, les ronds-points, les fronts populaires, les MeToo, les « on se lève et on se casse », les « on se lève et on casse tout », les « décolonisons les arts », les journées du Matrimoine, les grandes causes de quinquennats, les films, les livres, les essais, les tribunes… ». Elles invitent le spectateur à « voir de plus près comment on s’en échappe de ces systèmes de pouvoirs écrasants.
Conception, mise en pièce et jeu : Carole Thibaud et Lorraine de Foucher
Création vidéo : Benoît Lahoz
Création son : Marc-Antoine Granier
Création lumière et régie générale : Nathan Teulade
Régie vidéo : Clément Fessy
D'une rencontre à une création intime
Au Théâtre du Point du Jour, l'équipe porte haut sa volonté de faire venir sur scène des phénomènes de société à travers des écritures contemporaines. Pour répondre à cette ligne éditoriale, le théâtre met en place des spectacles orignaux appelés "Grand ReporTerre". Il s'agit d'une "expérience scénique hybride" issue d'une rencontre entre un.e journaliste et un.e artiste pour mêler vision artistique et expertise documentaire. Pour cette septième édition, le Point du Jour accueille Carole Thibaud, directrice du Centre dramatique national de Montluçon, et Lorraine de Foucher, journaliste du Monde. Chacune d'elle, dans son domaine, est très engagée sur la question de l'égalité hommes-femme. C'est donc tout naturellement qu'elles créent ensemble un spectacle sur le sujet : La Fabrique de la domination.
Carole Thibaud a joué pendant de nombreuses années dans les quartiers et cités de la banlieue nord en Île-de-France. C'est une militante féministe, qui monte actuellement un nouveau spectacle en solo : Ex Machina, une performance autour de la question de genre. De son côté, Lorraine de Foucher travaille au service enquête du journal Le Monde ; nombres de ses articles traitent de la violence masculine. Elle est également réalisatrice du documentaire Féminicides (mention spéciale au prix Europa).
Lors de la rencontre avec les deux femmes au Théâtre du Point du Jour, elles évoquent leur rapport à ce sujet sujet au regard de leur métier. Là où Carole Thibaud reconnaît être protégée par "l'espace fictionnel", Lorraine de Foucher connaît une relation plus empathique avec les victimes, et s'efforce alors de maintenir une distance "pseudo objective". Le point de départ de La Fabrique de la domination, c'est la rencontre entre ces deux points de vue, rencontre à laquelle elles accordent beaucoup d'importance. Elles reconnaissent en l'autre des connivences intellectuelles et émotionnelles qui leur permettent de trouver "comment partir de l'intime".
Sur scène, les deux femmes réunissent leur manière d'exprimer leur colère : les mots écrits et la parole jouée. A travers ce mélange de deux expériences, elles affirment la nécessité d'expliquer et de déconstruire la structure de domination masculine - "politiquement pensé" - pour reconstruire la société. C'est aussi tout une question de transmission qui est à l’œuvre. Témoignages, mise en scène, expression corporelle, images ... Carole Thibaut et Lorraine de Foucher utilisent plusieurs voix et médias pour partager avec le public leur message, leurs expériences et surtout, la parole des victimes. Cette notion de transmission se retrouvent aussi dans les derniers instants du spectacle, lorsqu'elles choisissent de à leurs filles, à cette nouvelle génération qui offre ainsi le mot de la fin : retrouver et garder une "envie de vivre".
Retrouvez mon article sur le spectacle :
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